Personne ne peut éviter la confrontation avec la question de Dieu. Un tel être existe-t-il vraiment ? Comment et où puis-je trouver Dieu ? Quelle est la part de vérité dans les réponses
que j’ai déjà pu trouver ?
D’après Eva Pierrakos, si l’existence de Dieu est si souvent remise en question et si l’âme humaine ressent si rarement la présence divine, c’est parce que l’image de Dieu est déformée dans l’esprit de la plupart des hommes.
C'est au contact de nos parents que nous nous forgeons notre image inconsciente de Dieu. Notre père nous renvoie à l'autorité et la protection tandis que notre mère nous donne amour et
attention. Les valeurs inconscientes que nous accordons à Dieu, autorité, protection, amour et attention sont donc celles de notre père et notre mère. Chacun se fera sa propre
expérience et aura sa propre vision symbolique de Dieu.
Dès le plus jeune âge, les enfants entendent de Dieu qu’il est « l’autorité suprême ». La notion d’autorité est aussi pour les enfants source de l’un des premiers conflits dont ils feront l’expérience.
En effet, quand on interdit à un enfant de faire ce qu’il aime par-dessus tout, il finit par concevoir cette autorité comme hostile. Au contraire, lorsque l’autorité parentale laisse tout faire, l’autorité sera ressentie comme bienveillante. Lorsqu’une des deux formes d’autorité prédomine, la réaction que l’on aura à son égard deviendra notre attitude inconsciente envers Dieu et l’image que l’on s’en fait. Cependant, dans de nombreux cas, les enfants ont affaire à une combinaison des deux.
Rappelons que la mère symbolise l’amour et l’attention alors que le père symbolise plutôt l’autorité et la protection. Même si aujourd’hui les rôles des uns et des autres ont changé, inconsciemment ces symboles restent profondément ancrés en nous. On aura donc peut-être plus tendance à voir l’image de l’amour et de l’attention dans notre mère. Pour ce qui est de l’autorité et de la protection, c’est notre père qui nous influencera.
Dans la mesure où un enfant connaît la frustration et la peur à l’égard de l’autorité (parentale), dans la même mesure, il éprouvera inconsciemment les mêmes sentiments à l’égard de Dieu. Ce Dieu est alors une force sévère, répressive et même souvent injuste et arbitraire, contre laquelle il faut se battre. Heureusement, une fois adulte, nous nous sommes consciemment faits une nouvelle représentation de Dieu. Mais celle-ci peut être en conflit avec notre image inconsciente de Dieu et la différence crée en nous une perplexité, un doute. Cela implique alors de pouvoir imaginer que Dieu soit autre chose que ce l’on croit inconsciemment et donc de remettre en cause nos croyances inconscientes.
L'enfant ne porte pas forcément de jugement sur ce qui peut lui procurer du plaisir. Et il ne comprend pas que ce qu’il apprécie souvent le plus, puisse lui être interdit. Les parents peuvent effectivement interdire pour le bien de l’enfant mais aussi simplement par peur ou par ignorance. L’enfant fera alors rapidement le lien entre son plaisir et le risque de punition par l’autorité. Inconsciemment, l’enfant se dira que l’autorité (donc Dieu) punit lorsque l’on cherche à jouir des plaisirs (notamment ceux interdits).
Enfin, on conçoit bien que les adultes représentent "l’autorité" pour l’enfant . Qu'en est-il alors lorsque ces mêmes adultes ou gens qui représentent "l’autorité" se montrent injustes et arbitraires ? De telles expériences sont à l’origine de la crainte de Dieu.
Tous ces éléments se conjuguent donc pour constituer une image inconsciente qui si on l’analyse bien, transforme Dieu en un être plutôt antipathique... Si l’on ne tient pas compte du fait que l’image que l’on se fait de Dieu est bien souvent erronée, on risque alors tôt ou tard de se détourner de lui. Cela est dommage, tout autant que de croire ferme que Dieu doit être craint, qu’il est sévère et peut-être même cruel. Autrement, si l’on a été gâté, que nos parents étaient bienveillants et qu’ils nous ont tout laissé passer alors on croira que l’on peut tout faire, tricher, ne pas assumer ses responsabilités… car Dieu est bon, indulgent et ne punit pas. Mais la vie nous fera vite comprendre tôt ou tard que ce n’est pas le cas et que l’image du « tout est permis » est en réalité tout autant fausse.
Pour finir, on se rend compte que "l’autorité" est vue et ressentie "hors de nous". Nos parents, les adultes font effectivement partie du monde extérieur. Dieu serait donc perçu comme étant en dehors de nous ! Voilà déjà peut-être la première erreur.
D’après « Le chemin de la transformation » d’Eva Pierrakos.
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