Emotion n'est pas Action


 

Les émotions poussent à l’action, mais ne la justifient aucunement.
Si nous ne pouvons pas maîtriser nos ressentis, nous restons maîtres de nos faits et gestes.

 

Ce message cherche à nous faire comprendre que ce que nous ressentons n’est pas du même ressort que nos agissements. Nos émotions mobilisent effectivement de l’énergie et poussent à l’action. Mais nos comportements restent au final de notre libre choix. Nous avons tous connu une situation ou quelqu’un nous a contrarié, manqué de respect ou blessé. Rapidement, nous sommes envahis par une émotion de rage et de colère sous la forme d’une forte énergie qui nous pousse à une réaction immédiate de défense de soi ou d’attaque. Cela même lorsque l’on se remémore simplement un événement du passé. Pourtant, nous avons réussi à nous contenir.

 

En effet, nous pouvons ressentir de la jalousie sans pour autant contrôler les faits et gestes de notre partenaire. Nous pouvons ressentir de l’envie envers un voisin sans pour autant lui mener la vie dure. Nous pouvons ressentir de la rage envers un collègue sans pour autant l’insulter dès que nous le croisons. Nous pouvons ressentir de la peur à parler en public sans pour autant se défiler.

 

Les émotions portent en elles une motivation à l’action sous la forme d’une énergie. Par exemple, la peur motive à se protéger, la colère motive à se défendre ou à vaincre l’obstacle, la tristesse motive à ralentir pour prendre le temps d’intégrer la perte, la jalousie motive à retenir, garder ou éviter la séparation. Mais au final, c’est nous qui décidons du comportement et de passer à l’action ou non !

 

De plus, nous avons dit que l’émotion pousse à l’action mais elle n’indique pas quelle action est à privilégier. Face à la peur, on peut fuir, éviter ou alors affronter la raison de la peur. Ces actions forment le registre des réactions immédiatement disponibles. En réalité, l’émotion est là pour nous indiquer que quelque chose d’important pour nous est en train de se passer et qu’il est nécessaire d’agir. C'est à nous de déterminer l’action la plus adéquate.

Source : SarahRichterArt, Pixabay
Source : SarahRichterArt, Pixabay

Les émotions, ces inconnues.

 

Face à nos émotions, nous nous trouvons souvent un peu démunis. D’autant plus que durant notre enfance, nos parents nous ont généralement dit ce qu’il ne fallait pas faire sous le coup de l’émotion (ne pas crier, ne pas pleurer, ne pas se laisser aller, ne pas s’énerver…). Et plus rarement, ils nous ont dit ce qu’il fallait faire, et pourquoi une telle émotion ? 

 

Une émotion est une réaction à un événement ou à une pensée. Elle provoque des bouleversements dans le corps (rythme cardiaque et respiratoire, tension des muscles, estomac noué, bouche pâteuse…). Ces manifestations sont hors de contrôle de notre volonté. Sous le coup d’une émotion, nous sentons bien qu’une énergie nous submerge et nous fait perdre nos moyens.

 

L’émotion provoque donc un bouleversement interne qui s’accompagnera d’un ressenti agréable ou désagréable, de plaisir ou de déplaisir qui est la signature de l’émotion. La motivation à l’action découle de ce mécanisme ou processus (émotion-bouleversement et ressenti). Ainsi, nous rechercherons à reproduire ce qui nous procure du plaisir et à éviter ce qui se traduit par du déplaisir.

 

Chaque émotion et donc son ressenti informe sur notre équilibre interne et les moyens de le rétablir. Elle va pour cela entraîner une énergie de motivation particulière : la plaisir et la joie inclinent à l’ouverture vers le monde et les autres, à la désinhibition. Le déplaisir, lui, va incliner à la fermeture au monde et aux autres, à la peur, à la protection de soi, à la tristesse, à freiner et à se recroqueviller.

 

Ce n’est donc pas le ressenti qui pose problème en tant que tel mais plutôt l’énergie ou le dynamisme qui l’accompagne, ce débordement d’énergie si difficile à maîtriser. C’est pourquoi, beaucoup d’entre nous ont appris à se méfier des émotions voire à les considérer comme indésirables. Comme si la solution pour vivre en société, atteindre la sagesse et la maturité était de supprimer ses émotions. Nous tentons de maîtriser nos émotions, de les contenir, de ne rien laisser transparaître. Mais ce à quoi on résiste, persiste ! Et plus on résiste à nos émotions, plus celles-ci gagnent en intensité. Les émotions sont donc à vivre et à écouter plutôt qu’à maîtriser ou réduire au silence.

 

 

 

Accueillir l’émotion plutôt que lutter contre.

 

On peut proposer une autre façon de vivre et gérer ses émotions ; laisser exister les émotions mais décider en toute conscience si nous voulons agir ou non. Laisser exister une émotion, cela signifie l’accueillir et lui faire de la place en prenant une bonne respiration et en dilatant notre cage thoracique. Ainsi l’énergie de l’émotion n’est plus confinée mais elle se dilate et se diffuse. Pour diminuer la force d’une émotion, le mieux est ne pas bloquer l’énergie à l’intérieur de son corps en l’inhibant.

 

Laissez l’émotion exister et accueillez le ressenti qui nous informe que quelque chose d’important se passe en nous. A moins de l’entretenir par la pensée, une émotion est par nature passagère. Une colère s’estompe normalement en une dizaine de minutes. A moins que nous la réactivions par nos pensées contrariantes ou que nous revivions la scène mentalement. Ne pas lutter contre l’émotion c’est accepter notre état et laisser passer.

 

Les émotions que nous éprouvons comme désagréables ne sont pas forcément négatives.

 

Un ressenti est naturellement agréable ou désagréable. Décréter que celui-ci est négatif ou qu’il ne devrait pas être n’est qu’un jugement de valeur. Il en va de même des réactions physiologiques (bouleversements) qui accompagnent l’émotion. Elles "sont", c’est tout. En revanche, nos actions et notre comportement, nos mots suite à cette émotion peuvent clairement s’avérer négatifs. C’est donc sur nos actions qu’il faut se concentrer. A nous de contrôler nos faits et gestes. Car rien ne peut être cautionné ou excusé par nos émotions. Ressentir oui, mais se comporter de manière irrespectueuse, non !

 

 

Le sentiment n’est pas la relation.

 

Dire que l’émotion n’est pas action pourrait également se traduire par le sentiment ne fait pas la relation ! Les sentiments que l’on éprouve pour quelqu’un ne prédisent en rien de la qualité de la relation que l’on a avec elle. On peut être très amoureux d’une personne alors que la relation avec cette personne est médiocre voire nocive.

 

Notre culture romantique en occident laisse croire que les sentiments amoureux sont suffisants à eux seuls pour créer une relation épanouissante. Comme dans les contes de fées, les films au cinéma, si l’amour est présent, la relation coule de source. Il trouve l’âme sœur, il vainc les obstacles qui s’opposent à l’union puis… ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants ! L’idéologie romantique dans laquelle nous baignons affirme la suprématie des sentiments et propage la confusion : les sentiments amoureux seraient à eux seuls capables de produire une relation épanouissante avec bien entendu une sexualité riche et satisfaisante. Cela est malheureusement source de grandes désillusions notamment pour les jeunes qui s’engagent aveuglément mais convaincus dans une relation amoureuse.

 

Dans la réalité, une fois l’Amour rencontré, il reste encore tout à faire. Effectivement, dans un monde où un couple sur deux décide de se séparer, il est clair que l’amour ne suffit pas. La qualité de la relation se travaille grâce au développement des compétences relationnelles. Il est donc nécessaire d’apprendre à communiquer, à exprimer ses émotions, formuler des demandes, négocier en cas de conflit…

 

Ainsi, on peut donc s’aimer à la folie et se déchirer ou ne pas s’aimer intensément, se respecter et vivre une relation très satisfaisante. Car si nous ne pouvons pas maîtriser nos ressentis, nous pouvons choisir nos actions. Nos sentiments fluctuent au gré de facteurs liés à la vie et nous pouvons difficilement les contrôler et les comprendre. Par contre, nos actions et notre comportement dépendent de notre volonté. Et quels que soient nos sentiments, nous avons toujours le choix de parler gentiment, agir avec tendresse, aider, seconder, partager… Tout cela peut être réalisé indépendamment de nos sentiments. Balzac disait d’ailleurs : « l’amour n’est pas un sentiment, c’est un acte ».

 

Emotions et actions sont partiellement imbriquées et disjointes à la fois. Les émotions ne sont pas des actions car les premières sont souvent incontrôlables au contraire des secondes. Et les sentiments ne sont pas des actions car ces dernières obéissent à des règles qui leurs sont propres. Le ressenti quel qu’il soit doit être accepté sans être dénigré ni rabaissé même s’il nous échappe. Par contre, seules les actions que nous estimons correctes et constructives devraient être entreprises. Celles-ci relèvent en définitive de notre libre arbitre et de notre volonté.

 

Nous pouvons voir de belles publicités sans pour autant acheter.
Nous pouvons côtoyer une belle personne sans pour autant vouloir nouer une relation intime.
Nous pouvons être fâchés avec notre ex-conjoint sans pour autant mener une guerre destructrice.
Nous pouvons éprouver de la peur sans pour autant nous défiler mais au contraire faire face…

 

L’erreur fondamentale est donc de croire que nos émotions ne peuvent être maîtrisées autant que notre comportement qui en découle. Sous le coup de l’émotion, nous justifions souvent nos paroles et nos actes destructeurs. Pourtant, nos actes et nos paroles ne peuvent s’échapper de nous sauf si nous en donnons l’ordre. Ils restent définitivement sous l’emprise de nos décisions.

 

D’après : Tout ce qu’il faut savoir pour bien vivre : les 4 essentielles de Yves-Alexandre Thalmann

 

Emotions et actions

Emotion n'est pas action
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