Sexualité et désir


L’aventure de la sexualité

Source Pixabay
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Le corps avec ses transformations n’est déjà pas évident à vivre pour un ado. A cela se rajoute « en plus » l’apparition de la sexualité ! Elle est clairement fascinante limite effrayante mais cette sexualité qui fait irruption dans la vie est surtout dérangeante quelque part pour l’ado. L’apparition du désir sexuel complique les relations autant avec les adultes qu’avec ceux du même âge. De plus, la sexualité ouvre une porte sur l’inconnu avec mille questions sur le sexe, l’amour, la contraception, les risques… Les 12-14 ans n’en sont en général qu’aux émois amoureux et ressentent trouble, agitation et fébrilité. Après 14 ans, les rapports amicaux et amoureux sont importants et rassurent car ils répondent à un besoin de plaire et de confiance en soi.

 

Notons que les filles se développent plus rapidement sur le plan psychologique et physique et c’est pourquoi leur intérêt se porte souvent sur des garçons plus âgés. Elles y trouvent des échanges plus élaborés et elles reçoivent une forme d’attention plus plaisante. Par-contre, cela inquiète plus fortement les parents suspicieux face à ce jeune homme plus âgé.  

L’influence incontestable de la pornographie

Le désir sexuel apporte avec lui de nouvelles émotions voire des fantasmes. Les ados se sont souvent déjà fait une idée sur la sexualité et pour beaucoup ils sont prisonniers d’une idée fausse mais répandue qui est qu’il y aurait des sexualités dites « normales ». Eux se cherchent, se découvrent, tâtonnent, expérimentent et ils peuvent alors vite se sentir à part. Et les émotions troubles, diffuses qu’ils ressentent peuvent alors vite les effrayer. C’est à l’adulte d’expliquer que l’homosexualité ou la bisexualité n’est en rien anormale et que les jeunes émotions adolescentes ne décident aucune orientation sexuelle définitive. L’important étant que l’ado soit rassuré et sache que sa préférence sexuelle, quelle qu’elle soit, ne sera pas source de rejet par sa famille. Il en va de même de la masturbation qui permet de s’approprier son corps et de mieux le connaître.

 

Cette notion de sexualité « normale » peut aussi induire l’ado dans l’erreur. Prompt à s’informer sur internet, l’ado risque aussi fortement d’y découvrir la pornographie qu’il risque de considérer comme « normale ». Il risque de l’adopter pour se conformer alors même qu’il n’en a pas vraiment envie. Il est effectivement en train de construire sa sexualité et il cherche des modèles, des exemples.

 

Plus de la moitié des 15-17 ans ont déjà visité un site porno ou vu un film. La pornographie met en avant plus l’animalité que l’humanité sans parler de la brutalité ou de la violence parfois. Cela peut d’ailleurs générer des blocages et des inhibitions chez l’adolescent. Il y découvre des mecs (et des filles) qui assurent alors que lui, il a peur de ne pas assurer, de ne pas savoir, de l’échec, de la panne... Cette inexpérience est tout à fait normale alors que lui, il la voit éventuellement comme de l’infériorité, de la honte. Rappelons pour exemple une émission sur Fun Radio où plusieurs ados s’inquiétaient de ne pas tenir une érection plus d’une demi-heure (la loose)! Pour beaucoup d’ados, la sexualité est également devenue une simple affaire de techniques avec ses nombreuses options, positions, variantes, multiplicités…Ou bien alors, ils se sentent nuls et incompétents parce qu’ils n’ont pas encore tout essayé (encore la loose)! Les émotions et les sentiments viennent loin derrière. Et finalement, tout finira par se ressembler et rien ne sera vraiment satisfaisant. Le risque est une déconnexion de l’ado à lui-même, à ses émotions lors de l’acte sexuel. Car socialement et sexuellement, l’ado peut être prêt à tout mais inconsciemment, il pourrait être affecté, choqué voire fortement perturbé à retardement par ce qu’il a fait. N’oublions pas que l’ado joue à l’adulte avec une mentalité d’enfant.

 

Expliquer la sexualité

 

L’adulte peut expliquer que la sexualité n’est pas une affaire de robots mécaniques surpuissants sans cerveau, sans état d’âme qui ne connaissent pas l’échec. La sexualité est une activité humaine qui met en jeu le corps, l’imagination, les émotions et l’inconscient. Il est donc normal que la sexualité puisse leur échapper et qu’elle demande du temps et de la maîtrise.

Source Pixabay
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La sexualité est fragile et parfois difficile, c’est ce qui fait sa richesse ! On peut évoquer la différence entre la sexualité sans amour et les mêmes gestes faits avec amour qui changent tout. Il peut aussi être important de rappeler à l’ado que dans « relation sexuelle » il y a le mot relation qu’on oublie parfois et qui évoque rencontre, respect, tendresse, fidélité et plaisir…mutuel (même si la relation ne dure pas !).

 

Comme c’est le cas pour d’autres activités, l’adulte doit tenter de parler de sexualité avec l’ado afin de mettre un cadre. Malheureusement, le sujet reste encore très tabou dans notre société et les ados esquiveront le sujet. Nos ados vivent dans un monde avec des images hypersexuées et un accès facile au porno. Ils peuvent vite se retrouver prisonniers de pratiques qui les malmènent. Ils ne sont pas tous des obsédés ou des exhibitionnistes (quand même) mais ils ne font que suivre un monde quelque peu déboussolé. Il s’agit d’un nouvel ordre sexuel ou plus personne ne se scandalise. Certains ados habitués à voir tout et n’importe quoi ne comprennent d’ailleurs souvent même pas où est le problème. A l’image d’un fait divers dans un collège où une ado est filmée à son insu par un copain en train de faire une fellation à un autre copain et dont la vidéo s’est retrouvée sur internet. « C’était juste pour rigoler ! ».

 

Oser discuter de sexualité

 

L’adulte doit donc essayer d’aller un peu loin que la simple prévention (mais importante) et assurer également son rôle d’éducateur. Il est vrai que la période de l’adolescence n’est pas forcément la période top de la communication avec un ado. Mais si parler sexualité est vraiment difficile pour les parents mal à l’aise (autant que l’ado), on peut l’encourager à parler avec son médecin si nécessaire (ou infirmière de l’école), notamment en ce qui concerne la contraception et de la protection (MST). Car si les parents gardent le silence, cela renforce encore le tabou de la sexualité dans la tête de l’ado. Le plus risqué pour l’ado « fragile » est qu’il se sente seul et sans possibilité de communication avec ses parents.

 

Lorsque votre ado en couple connaît la rupture sentimentale, il va souffrir d’une peine d’amour qui est un mal nécessaire mais d’une tristesse infinie ! La rupture chez un ado n’est pas à prendre à la légère car il le vit avec une forte intensité. Pour lui, c’est vraiment la fin du monde ! En tant que parents, il faut surtout éviter la banalisation (un de perdu et 10 de retrouvés) et de tourner cette rupture en dérision. Et cela même si les relations amoureuses à l’adolescence sont rarement stables.

 

Accepter la sexualité


Dès le plus jeune âge, le cercle familial peut aider l’ado à développer une solide estime de soi et une capacité de résistance à ses pulsions ou à l’agression (manipulation, influence, pression, tromperie…). C’est d’ailleurs le cœur de la mission éducative des parents. Ce sera un sérieux atout pour sa vie sexuelle à venir. Il sera assez fort pour choisir et faire face à la pression d’un groupe ou d’un partenaire. La pudeur et l’intimité sont également des notions à cultiver. Il s’agit de faire comprendre à l’ado que l’intimité est un espace personnel à respecter et que l’on ne s’expose pas comme cela. Parler de sexualité doit permettre de donner des informations, des repères, des conseils et non pas de faire la morale à outrance ou dramatiser. N’oublions pas que l’ado découvre et expérimente avec ses faiblesses. Il peut malencontreusement passer à l’acte sans réfléchir ou sous l’effet d’une pulsion, d’un contexte.

 

L’adolescence est aussi une période où garçons et filles idéalisent les relations, les rencontres. Essayons alors d’éviter la dramatisation, la culpabilisation, la honte, le rejet pour faire preuve de compréhension ou au minimum de tolérance. Souvent les ados peuvent poser une question un peu embarrassante ou surprenante juste pour tester notre ouverture face à une telle discussion. Il est alors important de se poser la question de ce qui cache derrière cette demande pour être à l’écoute (une question peut en cacher une autre). Rappelez vous que votre ado n’attends pas un cours de moralité et qu’il n’attends pas non plus votre approbation (sa décision est sans doute déjà prise). A moins de 15 ans, une ado peut disposer de la pilule sans demander l’avis de ses parents !

 

Parler de sexualité avec un ado, on ne peut pas y aller franco sous peine de risquer de se voir mettre sur le banc de touche. Comme dirait un certain psychanalyste, il faut « dire sans tout dire ». Parler de dangers, de sécurité ou de biologie est important et l’ado se doit d’écouter. Pour le reste, il faut savoir ne pas aller trop loin et ne pas intervenir dans les relations. Bien sûr, on parlera « vrai » et on évitera les mots crûs, déplacés ou gênants. Il n’est pas non plus souhaitable que les adultes parlent d’eux. En général, l’ado n’apprécie pas l’excès de proximité et les confidences trop intimes de la part de ses parents. Il ne cherche pas en ses parents des copains ou des complices. Il préfère garder sa vie privée et secrète mais il aime savoir qu’il sera écouté en cas de difficulté.  

Sources :

Le livre "Le développement de l’adolescent, l’adolescent à la recherche de son identité" de Christine Cannard

et dans une moindre mesure

Sylvain Connac – Apprendre avec les pédagogies coopératives

www.passeportsante.net

www.psychologies.com
www.canalvie.com

et d'autres sites internet


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