Relation avec les parents et styles éducatifs


L’adolescent et sa relation avec les parents

Source Common Wikimedia, Najuan
Source Common Wikimedia, Najuan

 

La vie familiale n’est pas toujours évidente durant cette période de l’adolescence et cela, que ce soit pour les parents mais aussi pour l’ado. Il est crucial de trouver la bonne distance relationnelle « ni trop près, ni trop loin » afin que l’ado s’épanouisse au mieux (et les parents aussi !). En effet, l’ado a besoin de soutien et d’amour mais dans le même temps, il est en quête d’autonomie et souhaite être considéré comme un adulte.

 

Les conflits et les comportements d’opposition sont clairement pour l’ado un moyen d’affirmer son identité et sa différence. Mais cette affirmation de soi est vécue positivement que si l’ado trouve en face de lui des parents qui ont du répondant. Il est impératif de garantir sa sécurité par une supervision discrète, par un cadre et l’expression claire des limites, cela sans oublier d’être à l’écoute et ouvert.

 

L’ado confond souvent autonomie et indépendance (les parents aussi !). En se sentant dépendant de sa famille, l’ado croit à tort qu’il ne peut pas devenir autonome. Il faut faire comprendre à l’adolescent qu’être autonome ne signifie pas rompre avec ses dépendances, ses appartenances. En effet, depuis son enfance, l’ado dépend de ses parents pour survivre. L’enjeu n’est pas de devenir totalement indépendant. Mais l’ado doit comprendre que l’autonomie se construit et se gagne tout en se nourrissant de ses appartenances.

 

En général, les ados se sentent plus autonomes vers 16-17 ans. Toutefois, les filles accéderaient à l’autonomie souvent plus tard que les garçons. Les filles sont sans doute plus surveillées et restreintes que les garçons et cela d’autant plus dans les familles traditionnelles. Toutefois, les garçons seraient aussi plus désobéissants et accéderaient de ce fait plus facilement à ce qu’ils veulent.

 

C’est souvent ce désir d’autonomie qui est source de conflit dans le milieu familial. Car si l’ado réclame de l’autonomie et prend de la distance, il craint paradoxalement aussi l’abandon. Il est tiraillé entre le besoin d’émancipation et le besoin de soutien de ses parents. C’est pourquoi, il se demandera souvent s’il n’est pas aller trop loin et si son comportement d’opposition ne va pas lui faire perdre l’amour de ses parents. Les parents, eux aussi, sont tiraillés entre la nécessité d’assurer une prise d’autonomie croissante et le risque d’un détachement émotionnel de l’ado à l’égard de ses parents et qui n’est bien bien-sûr pas du tout souhaitable.

 

Les différents styles éducatifs des parents


 

Les parents ont tous leur propre style éducatif. Ce style peut être plus ou moins stricte ou laxiste, plus ou moins tourné communication ou pas. Quoi qu’il en soit, il se dégage des styles deux dimensions de base : l’affection et l’encadrement. En effet, « être parent » c’est exercer ces deux fonctions essentielles.

 

Affection = aimer son enfant, exprimer de l’affection, être à l’écoute, capter les besoins.

Encadrement = exprimer ses attentes sur divers plans, convenir de règles à suivre, régulariser les comportements, superviser les conduites, fixer les limites et sanctionner si besoin.

 

Voici 4 styles éducatifs qui se dégagent d’après Richard Cloutier et Sylvie Drapeau dans leur ouvrage « Psychologie de l’adolescent ».

 

Style autoritaire / autocratique

-plus sensible aux besoins des parents que ceux de l’adolescent

-contrôlant et exigeant

-recherche d’une obéissance absolue, mesures contraignantes

Effets du style sur l’adolescent = engendrer un manque d’assurance et un climat d’inquiétude en raison d’attentes et d’exigences trop élevées, ne responsabilise pas et créer un souci permanent d’être en conformité.

 

Style indulgent / permissif

-plus sensible aux besoins de l’adolescent que ceux des parents

-très attentionné

-très indulgent, veut rendre la vie facile à son ado

Effets du style sur l’adolescent = avoir des parents qui n’arrivent pas à affirmer leur autorité et à faire respecter les règles, les limites entre le permis et l’interdit ne sont pas claires.

 

Style indifférent / désengagé

-peu sensible et peu contrôlant

-pas de temps pour s’investir auprès de l’ado

-peu de supervision, désengagé

Effets du style sur l’adolescent = sentiment d’être livré à soi-même et sans soutien, responsabilise trop et souvent trop tôt voire au-delà du supportable, ne favorise pas le développement de l’ado.

 

Style autoritaire / démocratique

-sensible aux besoins de l’ado

-supervision active avec intérêt manifesté

-explique les règles imposées et les raisons de ces règles

Effets du style sur l’adolescent = le point de vue de l’ado est toujours entendu et pris au sérieux, les limites sont claires, le soutien est disponible si nécessaire, sentiment que l’on s’intéresse à lui.

 

Un grand nombre d’études fait ressortir l’avantage du style éducatif autoritaire / démocratique ! L’autorité familiale permet à l’ado d’échapper à la multitude d’influences qui ne demande qu’à s’emparer de lui trop tôt et avant l’acquisition d’une capacité de distanciation (incapacité à sortir d’une situation et y mettre de la distance). L’aspect démocratique met en avant l’aspect émotionnel avec un climat chaleureux qui favorise le sentiment de sécurité, d’être bien considéré, qu’on nous veut du bien et qui aide à une bonne estime de soi. Avec ce style éducatif autoritaire/démocratique, il apparaît que les enfants manifestent moins de problèmes psychologiques et comportementaux.

Le pire pour l’adolescent est un style éducatif dans lequel il y a un rejet parental. D’autant plus s’il s’agit d’un rejet paternel et cela que ce soient pour les filles ou les garçons. C’est comme si ce rejet là annulait l’effet protecteur maternel. On l’associe par la suite à des symptômes de troubles anxieux et dépressifs chez l’adolescent.

 

Bien sûr, les parents puisent en général dans tous les styles selon le moment, le contexte, l’humeur ou l’enjeu. De plus, il est parfois difficile pour les deux parents d’adopter le même style éducatif car chacun a sa propre histoire et a vécu une éducation différente. L’adolescent va lui aussi influencer le style éducatif selon qu’il soit plus ou moins autonome et responsable. Selon que l’enfant soit l’aîné ou le denier de la fratrie, le style éducatif peut aussi évoluer avec l’expérience des parents. Disons aussi pour se rassurer que des parents parfaits, cela n’existe pas.

Punition et sanction

L’adolescence est une période parfois marquée par le narcissisme, l’égoïsme, le mépris de certaines valeurs et une certaine forme d’agressivité « naturelle » envers l’autorité. Il est peut-être utile de repréciser la différence entre la « punition » et la « sanction » !

Source Pixabay
Source Pixabay

 

Punition = peine infligée à l’auteur d’une faute dont il est jugé responsable.

Inconvénients : la punition est souvent vécue comme injuste (sanction subjective) et qui dépend de celui qui la donne, la punition est souvent une réaction sous le coup de l’émotion, la punition rabaisse et accentue la culpabilité, la punition est vécue comme une sanction majorée (punition > sanction), la punition est souvent prise en fonction du retentissement chez celui qui découvre la transgression et moins en fonction de ce qui s’est passé.

 

Sanction = peine ou mesure infligée à quelqu’un pour l’inexécution, le non-respect ou la transgression d’un ordre, d’un règlement, d'une loi. A l'opposé, la sanction peut aussi être une récompense.

Avantage : mettre l’ado devant sa propre responsabilité, c’est lui qui choisit de transgresser et donc de courir le risque d’une sanction, le prix à payer en cas de transgression est connu et indiscutable, la sanction est objective (action-réaction), la sanction répond à l’indignité d’un acte et non à l’indignité d’une personne.

Risques : l’ado peut éprouver un certain plaisir à transgresser, ne pas se faire prendre peut devenir un jeu.

 

En cas de difficulté à faire respecter une limite ou une règle, la sanction peut aussi devenir une sanction éducative de mise à l’épreuve. Le non-respect ou la transgression donne lieu à une sanction négative. Mais le respect de la règle peut également donner lieu à une sanction positive (récompense, félicitations…). Une sanction peut aussi donner lieu à une réparation (excuse par exemple) que la victime pourra accepter ou non. Idéalement la réparation doit être choisie et acceptée par le fautif qui reconnaît ainsi son erreur.

 

Mettre un système de sanction en place implique :

-d’établir la règle et la sanction avec prise de connaissance par les deux parties

-de déterminer qui représente l’autorité et applique la sanction.

 

Sanctionner c’est faire preuve d’autorité en confrontant l’enfant à la réalité qui l’entoure. Punir c’est faire preuve de pouvoir et de puissance, en plaçant l’enfant dans l’impuissance et la soumission. (Jacques Salomé)

 

Aucun acte adulte n’est futile car même si l’impact est inexistant aujourd’hui, il le sera un jour ou l’autre quand même !

Sources :

Le livre "Le développement de l’adolescent, l’adolescent à la recherche de son identité" de Christine Cannard

et dans une moindre mesure

Sylvain Connac – Apprendre avec les pédagogies coopératives

www.passeportsante.net

www.psychologies.com
www.canalvie.com

et d'autres sites internet


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