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Un beau jour, une immense fatigue ! Voilà comment décrire simplement le burnout. C’est un peu comme la flamme d’une bougie brutalement soufflée. Appelé aussi « épuisement professionnel », il se caractérise par un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à réaliser une tâche concrète. Le burnout est le résultat d’un processus long mais lorsqu’il arrive, c’est sans préavis ! Avant, malheureusement, on ne se rend souvent compte de rien.
A sa découverte, ce sont surtout les employés dans les relations d’aide et donc très engagés émotivement (médecins, infirmiers, enseignants, travailleurs sociaux…) qui étaient concernés par ce syndrome. Aujourd’hui, certains n’hésitent pas à parler du mal du siècle. Les hommes sont autant touchés que les femmes et cela quel que soit l’âge et quel que soit le domaine d’activité. Nul n’est donc à l’abri, à partir du moment où l’engagement personnel est intense.
Le terme burnout est apparu dans les années 70. On peut le traduire littéralement par « se consumer » ou « brûler de l’intérieur ». Telle une maison, les gens sont parfois victimes d’un incendie suite à une tension trop forte et trop longue dans leur vie. Leurs dernières ressources qui leur permettaient de tenir debout et lutter brûlent. Il ne reste alors qu’un vide immense. C’est le K-O debout du boxeur. La maison est encore debout en apparence mais l’intérieur est cramé, dévasté !
On considère aujourd’hui que plus de 3 millions d’actifs français sont menacés par ce syndrome d’épuisement professionnel. Il est toujours lié à une situation de stress chronique. Cela fait plus d’une personne sur 10. Au Canada, ils sont même 25% à se plaindre d’un degré élevé de stress. Il est admis que, depuis 1990, les problèmes de santé psychologique au travail augmentent de façon alarmante (épuisements professionnels, dépressions, troubles anxieux…). Ces problèmes de santé psychologique constituent au Canada la première cause d’absences prolongées au travail. En France, c’est une absence au travail sur 2 qui est liée au stress chronique.
Les gens qui sont atteints de burnout décrivent une immense fatigue autant physique que psychique (émotionnelle et mentale) qui leur tombe dessus sans prévenir. Pourtant, même s’il survient d’un coup, il est le résultat d’un lent processus qui dure depuis plusieurs mois ou années. Les victimes sont souvent des « bons élèves » perfectionnistes et frustrés, des professionnels, des leaders, des piliers. Ils ne sont plus capables de récupérer et retrouver la forme après un repos normal et de courte durée. Une particularité presque générale est qu’ils n’arrivent pas à reconnaître leur faiblesse avant de craquer et de toucher le fond. En effet, le déni est typique du burnout car souvent vécu comme un aveu d’échec.
Les 4 phases du Burnout
Le Burnout est donc une conséquence d’un travail excessif sans véritable récupération, additionné d’un travail compulsif où le plaisir n’a plus sa place. La victime a le sentiment de ne pas pouvoir faire autrement que de devoir beaucoup travailler. En effet, elle craint d’être licenciée, d’accumuler encore plus de travail, d’avoir honte si elle s’arrêtait, d’être la seule à pouvoir faire ce travail, de s’être sacrifiée pour rien, que des gens comptent sur elle…
Les experts n’arrivent pas encore à comprendre toutes les raisons qui mènent à l’épuisement professionnel. Toutefois, ils sont d’accord sur des facteurs extérieurs de vulnérabilité.
-Stress chronique, surmenage
-Charge de travail élevée, pression temporelle, demandes contradictoires
-Forte charge émotionnelle inhérente à la profession
-Souffrance éthique (conflit de valeurs, perte de sens, absence de morale, injustice, obligation d’outrepasser les règles…)
-Empêchement de faire un travail de qualité ou obligation d’un travail inutile
-Manque d’autonomie et de pouvoir de décision ou alors sur-contrôle de la hiérarchie
-Peu de reconnaissance obtenue par rapport aux efforts fournis
-Pas de possibilité d’évolution, absence de progression
-Faible soutient social de la part des collègues et/ou la hiérarchie
-Communication insuffisante dans l’entreprise sur l’organisation et la vision, manque de clarté
Mais, il y a aussi des facteurs internes de vulnérabilité liés à chaque individu.
-Sensibilité accrue au stress (certains sont plus résistants que d’autres)
-Attitude et importance accordées au travail (engagement, conscience professionnelle, centre de sa vie, ne pas savoir dire non, ne pas voir les priorités, ne pas arriver à déléguer, le désir de plaire…)
-Attentes élevées envers soi-même (perfectionnisme, absence de limite, refus de l’aide extérieure)
-Faible estime de soi (qui semble être un facteur déterminant), peur de l’échec.
-Lourdes responsabilités familiales, la solitude.
Il y a un contrat implicite et « psychologique » entre l’employeur et le salarié dans l’entreprise. En effet, il existe un ensemble d’attentes et d’obligations conscientes et inconscientes de part et d’autre. Aujourd’hui, les changements dans l’entreprise sont permanents et importants. Le contexte professionnel évolue sans cesse et peut remettre en cause ce contrat implicite et psychologique provoquant frustration, ressentiment et perte de sens pour le salarié. Souvent, on ne lui laisse même plus le temps de faire le deuil d’une situation passée. Globalisation, compétitivité, nouvelles technologies, précarisation de l’emploi, productivité des machines, hyperactivité survalorisée font qu’il faut avoir une véritable âme de combattant pour pouvoir sans cesse faire mieux, plus vite et rester le plus fort. Ces transformations rapides opérées dans le monde du travail font que ces effets du stress chronique se manifestent essentiellement dans les pays industrialisés.
Rappelons quelles conditions sont nécessaires pour provoquer un stress :
-une situation nouvelle ou imprévue
-une impression de manque de contrôle
-une situation déstabilisante ou menaçante (harcèlement, dénigrement…)
Le stress n’est pas mauvais en soi et il assure la fonction de survie chez l’être humain (fuite, lutte…). Mais lorsqu’il devient chronique, comme c’est le cas dans nos sociétés modernes, de graves problèmes peuvent survenir. Les médecins considèrent d’ailleurs le burnout non pas comme une maladie mentale mais plutôt comme un trouble d’adaptation. En effet, il ne s’agit pas d’une faiblesse mais d’un dérèglement de l’organisme. La première cause d’un burnout n’est donc pas psychologique (encore moins psychiatrique) mais physiologique car dû à un stress important et répété qui malmène notre organisme au-delà de ses capacités d’adaptation.
Le monde du travail impose également un idéal comme nouvelle norme. Le salarié se doit d’être polyvalent, c’est-à-dire poly-compétent et multitâche. Une telle sollicitation peut rapidement devenir insupportable pour le cerveau. Rien à voir avec la compétence de spécialiste mono-tâche du temps passé.
Pour résumé, on peut dire qu’il se produit un déséquilibre entre la pression subie (interne et externe) et les ressources (internes et externes) dont dispose un individu. Le burnout est souvent décrit comme un « écartèlement » entre ce que les gens sont et ce qu’ils doivent faire. Cela peut également être un écartèlement entre l’idée que l'on se fait de son travail et la dure réalité.
La psychologue Christina Maslach donne également 3 éléments centraux du syndrome de l’épuisement professionnel.
Voici les 3 signes à surveiller :
-L’épuisement émotionnel (stress, frustration, manque de motivation)
-La dépersonnalisation (perte du sens de soi, détachement, isolement, cynisme, rejet, insensibilité)
-L’échec de l’accomplissement personnel (sentiment de non-accomplissement, dévalorisation, autoévaluation négative)
Un burnout peut bien entendu avoir des répercussions au-delà du monde du travail et conduire la victime vers la dépression voire à l’extrême à des pensées suicidaires. Certains peuvent même mourir d’une crise cardiaque consécutive à un épuisement nerveux. Les japonais nomment « karoshi » cette mort subite qu’ils ont observée pour la première fois vers la fin des années 60.
Le stress chronique et une forte pression psychologique peuvent aussi être à l’origine de l’obésité, de maladies cardiovasculaires ou du diabète de type 2. A cela se rajoutent l’anxiété, les troubles de l’alimentation et la toxicomanie.
Comme vu plus haut dans l’article, en cas de stress chronique, l’organisme est alors constamment en état d’alerte et il sécrète alors les hormones du stress qui sont l’adrénaline et le cortisol. La recherche considère que c’est ce dérèglement hormonal qui expose le corps à des problèmes de santé avec le temps. En effet, l’obésité, le système cardiovasculaire et nerveux ainsi que la glycémie dépendent clairement du bon fonctionnement du système hormonal. De plus, les hormones qui arrivent au cerveau modifient notre perception de la réalité et nous entraînent dans un cercle vicieux. Plus on est stressé, plus on perçoit la réalité comme stressante, plus on y réagit alors avec du stress.
L’épuisement se produit petit à petit et sournoisement pour conduire au final à une véritable dépersonnalisation ou déshumanisation. La victime donne de plus en plus pour de moins en moins de résultats et de satisfaction. Constamment dans le déni, elle tente de corriger la situation par un surinvestissement mais la concentration devient de plus en plus difficile à trouver. La frustration et le cynisme gagne alors la victime. Cet état de réelle souffrance peut durer des années…
Les symptômes psychologiques
-Démotivation constante, perte du goût de l’effort, tristesse voire dépression
-Chute brutale de productivité, perte de dynamisme, erreurs ou fautes mineures
-Irritabilité, colères spontanées, pleurs fréquents, émotivité exacerbée
-Attitude cynique et sentiment de frustration
-Impression d’être incompétent, sentiment d’échec
-Envie de s’isoler, de se couper de la famille et/ou de ses ami(e)s
-Baisse de la confiance en soi, dévalorisation du travail accompli
-Anxiété, inquiétude ou sentiment d’insécurité, attaques de panique
-Difficulté de concentration, pertes de mémoire, oublis
-Indécision, confusion, rumination, mauvais jugement ou difficulté à nuancer
-Perte d’appétit
-Consommation accrue de stimulants, stupéfiants, médicaments
-Pensées suicidaires dans les cas extrêmes
Les symptômes physiques
-Grande fatigue persistante non récupérable même avec du repos
-Maux de dos, maux de tête, douleurs musculaires, migraines, etc… *
-Sensation d’oppression
-Troubles digestifs, ulcères d’estomac
-Sommeil perturbé, difficulté à se lever le matin
-Problèmes cutanés, palpitations, transpiration excessive
-Perte ou gain de poids
-Infections plus fréquentes (rhumes, grippe…)
*Syndrome du bourreau de travail : après une période de stress (la semaine), le repos (le weekend) fait ressurgir des maux à retardement.
Il est faux de considérer le burnout comme étant simplement la conséquence d’une batterie à plat. Il faut faire la différence entre fatigue et épuisement. Une fatigue normale et progressive nous gagne, par exemple, après une longue journée de travail ou une bonne séance de sport. Une bonne nuit de sommeil ou un peu de vacances permet de retrouver rapidement la forme. L’épuisement et donc le burnout vont au-delà de la simple fatigue récupérable. Nous sommes fatigués par ce stress chronique mais nous ne nous en rendons pas compte car notre organisme passe en « mode survie ». Nous sécrétons alors des hormones telles l’adrénaline et le cortisol qui font que l’on ressent encore une forme apparente comme si la batterie était encore pleine. Mais ce n’est plus le cas, nous sommes à plat et ce ne sont que les hormones qui nous font tenir, comme un générateur de secours. Et un jour, subitement tout s’arrête. Notre batterie est à plat mais malheureusement notre générateur de secours aussi. C’est le vide complet, on ne ressent plus rien ! Certains parlent même du burnout comme d’une zombification !
A noter que les hormones comme l’adrénaline et le cortisol sécrétées dans le corps en continu provoque une baisse des défenses immunitaires avec des risques accrus d’infections. Le cortisol met notre organisme en mode survie pour tenir et ne pas sentir la fatigue. Avec un stress chronique et sans doute le coup de stress de trop, il arrive un moment où l’organisme fatigué n’est plus capable de fournir cette hormone. Alors c’est la chute ! En effet, la batterie ne vient pas juste de se vider. Cela fait un moment que c’était déjà le cas !
vidéo Effervescience.fr
Les symptômes de l’épuisement professionnel sont nombreux et certains ne sont peut-être que passagers. A la différence d’une dépression qui atteint toutes les sphères de la vie, le burnout se manifeste essentiellement dans la sphère professionnelle. Il faut aussi différencier le burnout de l’addiction au travail (workaholisme). Dans ce cas, la victime est dépendante du travail et elle a surtout tendance à en faire plus que ce qu’on lui demande. Mais le signe du burnout qui ne trompe pas est lorsque la fatigue ne passe pas après de bonnes vacances et que le stress et les tensions reprennent de suite dès la reprise du travail.
Si vous avez un doute, rendez-vous sur ce site pour réaliser un test en ligne et évaluer votre tendance personnelle face au burnout ! (https://www.ekilium.fr/test/copenhagen-burnout-inventory/)
La vie est un marathon et pas un sprint ! Il faut savoir tenir dans la durée !
-Faites part de vos difficultés et trouvez du soutien auprès de vos proches. Cela permet de considérablement réduire le stress chronique.
-Soyez attentif aux symptômes physiques et psychologiques du stress.
-Détectez le stress et cherchez les causes. Quelles sont les sources de stress dans mon travail ?
-Détectez les « situations d’usure » qui provoquent un sentiment d’impuissance, de lourdeur, de fatigue (téléphone qui sonne toutes les 2 minutes, une tâche inutile ou récurrente, un collègue qui se repose sur vous…). Ces situations nous vampirisent et vident notre énergie. Il faut soit les changer ou bien les accepter.
-Dans l’entreprise, tentez de proposer des changements dans l’organisation du travail.
-Gérez mieux votre temps en dressant une liste des priorités.
-Gérez mieux votre temps en prévoyant un temps pour une tâche et un temps pour faire des pauses.
-Avec votre supérieur hiérarchique, tentez de fixer des objectifs plus réalistes et plus gratifiants ou demandez un traitement équitable par rapport à vos collègues.
-Apprenez à dire non de temps en temps et sachez déléguer votre travail.
-Avant d’entamer une tâche, réfléchissez quelques minutes sur comment la réaliser au mieux (temps, objectif, moyens…).
-Imposez-vous des pauses obligatoires pour vous changer les idées, pour « décrocher » et relâcher les tensions.
-Tirez avantage des nouvelles technologies mais prenez garde de ne pas en devenir l’esclave (smartphone).
-Prenez du temps pour échanger avec vos collègues (aide, astuces, expériences…).
-Faites un point sur vos habitudes de consommation d’excitants (café, sucre, alcool, thé, chocolat, boisson sucrée…).
-Faites du sport ou allez dans la Nature pour prévenir et réduire le stress. Gardez un équilibre corps-esprit tout en adoptant une vie saine.
-Réservez-vous du temps pour vous, vos loisirs et votre famille. Trouvez le bon équilibre entre vie professionnelle et privée.
-Arrêtez de vous focaliser sur ce qui est stressant mais plutôt sur ce qui est plaisant, relaxant et sur votre bien-être. L’objectif est de pouvoir se « ressourcer » au travail !
Joachim Leupold propose 4 piliers pour se soigner d’un burnout.
La victime d’un épuisement professionnel a besoin d’un arrêt ou de congés pour se reposer et réduire significativement son niveau de stress. L’organisme finira par retrouver un fonctionnement normal (rééquilibrage). Mais cela ne suffira pas si elle veut éviter une rechute. Il faudra effectivement amorcer des changements afin de retrouver un réel sentiment de contrôle sur sa vie. Cela peut être des changements dans son milieu professionnel, dans son mode de vie, dans sa façon de voir la vie (sens de la vie), dans sa façon de gérer le stress.
Il est alors important de pouvoir répondre aux questions suivantes : quelles sont les sources ou les situations de stress dans mon travail et pourquoi ? Pourquoi je n’ai pas réussi à changer la situation et pourquoi j’en suis arrivé là (peurs ?) ? Quels changements dois-je apporter à mon travail (ou ce que doit changer mon employeur) ? Mon travail me convient-il ? Est-ce-que je ne donne pas trop de place à mon travail dans ma vie ? Qu’est-ce qui me motive, m’apporte de la satisfaction ? Qu’est-ce qui a du sens pour moi ?
Pour vous aider à répondre à ces questions, voici d’après l’OMS, les 5 raisons qui font qu’un employé est satisfait de son travail et s’y épanouit :
« Le Burnout, on est dans une maison dont les 4 murs sont intacts mais l’intérieur est cramé. La dépression, on ressent qu’on est triste, que les autres sont tristes. On a de la compassion, un avenir, on a envie de manger, on ressent les choses… Un burnout, on ne ressent plus rien ! » Muriel Robin
Pour compléter : une vidéo de la conférence de Pierre Mougel sur le burnout et la Médecine Traditionnelle Chinoise.
http://www.cafesantenature.fr/video-la-conference-du-30-mai-2015-sur-la-mtc-et-le-burnout/
Une piste pour se soigner : "nous sommes tous en carence de Magnésium !" dans la rubrique "Se Soigner".
Sources :
Le burnout, la maladie des salariés cramés, nouvelobs.com
Le burnout, passeportsante.net
12 syndromes présents en entreprise, slideshare.net
Burnout – prévenir l’épuisement professionnel, Psychologie.com
Symptômes et traitement de l’épuisement professionnel, doctissimo.fr
Burnout- ce qu’il faut retenir, inrs.fr + le guide d’aide à la prévention
Des ressources contre le burnout, effervescience.fr
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